Lettre ouverte à mes amis du Parti Québécois
Par Dr. Bachir Maazouz*
En septembre 1997, quand j’ai arrêté mon choix sur le Québec pour y vivre et travailler l’agent québécois d’immigration en poste à Paris m’a posé la question suivante : «Pourquoi choisir le Québec alors que vous semblez parfaitement épanoui en France ?». Je lui ai répondu tout bonnement : «pour j’y réside et travailler… mais surtout pour donner un pays à mes enfants. Moi, j’ai le mien : L’Algérie ». En 1997-98, je terminais une thèse de doctorat et je travaillais déjà au sein d’une université française. Pour moi, le Québec symbolisait la diversité culturelle, la tolérance, le travail bien fait et le goût de l’indépendance, au sens politique du terme. Voilà des valeurs qui ne misent pas sur la tête ni l’habit du moine. Voilà des valeurs que Monsieur Lévesque – dont se réclament injustement aujourd’hui beaucoup de ces «cerveaux brûlés au Québec (son article datant du 9 janvier 1969 dans La Presse) » et que sont devenus les drains (français) et autres héro(uxvilliers) de la préhistoire – aurait sans doute renier pour leur ignorance et aveuglement volontaire. Et pour cause, ces recycleurs d’idées funestes que les poubelles de l’Histoire refusent d’engloutir ignorent que « La puissance de l’unité sociale et économique québécoise est dans la diversité de ses cultures, toutes porteuses de valeurs humaines universelles ».
Au travail, si mes collègues et étudiants, à 99.99 % des québécois de souche, me respectent et témoignent leur respect c’est aussi pour les valeurs arabo-musulmanes que j’incarne et qui me plaisent à mettre en œuvre au quotidien de mon travail. L’excellence de mes réalisations je la dois à «el ikhlasse fi niya wa el-itqaan fi el-âamal » qu’enseigne l’Islam. Cela m’a valu une reconnaissance sans faille par mes pairs. Depuis 2009, je suis intronisé Membre au Cercle d’Excellence de l’Université du Québec, Lauréat du Prix du chercheur en Sciences sociale de l’Agence universitaire francophone et bien d’autres prix d’excellence pour la qualité de mon travail.
Dans la vie de tous les jours, voilà 13 belles années partagées avec des québécois (de souche) qui m’ont donné le goût de croire à une société accueillante, bienveillante, tolérante et pourquoi pas souveraine… 13 belles années qui risquent d’être remises en question par des vacarmes médiatiques et des controverses qui sentent déjà la nauséabonde causées par les remous des recycleurs de pseudo valeurs nées désuètes, xénophobes, racistes, islamophobes et pardessus tout antisémites placées sous le couvert d’une laïcité battade et inféconde. S’il y a une valeur que prônent les promoteurs de cette charte des temps révolus c’est bel et bien celle de l’exclusion et du renfermement sur soi.
*Dr. Bachir Maazouz, titulaire d’un doctorat ès sciences de gestion et d’un Master In Project Management Science, est professeur à l’École nationale d’administration publique (ENAP) de l’Université du Québec, et rédacteur en chef de la revue Management international de HEC Montréal.
