Élections municipales : L’ÂneRoi à l’hôtel de ville! (Partie I)
Dans mon dernier texte, je vous racontais les péripéties autour de mes premiers pas au paradis. Vous étiez nombreux à ne pas partager mon enthousiasme. Qu’à cela ne tienne, ce n’était qu’une goutte d’expérience dans un océan de désillusions. J’étais tout de même heureux de recevoir vos commentaires. J’en ai brait un bon coup.
Je reprends alors le fil de mes âneries depuis la fin du dernier épisode. Je remets sur la table mon thème fétiche : l’intégration que j’ai nommée, intégrale triple.
Inutile de vous dire que j’ai tout de suite compris qu’il me fallait une stratégie et un champ d’action. Il va sans dire aussi que cela m’a pris un long moment de réflexion. C’était long longtemps! C’était un long et douloureux brainstorming … sans le brain. Ça ressemblait au processus d’accouchement, pour ceux qui ont déjà vécu l’expérience de donner la vie. Une vie d’âne, une vie de roi ou une vie de chien, peu importe.
J’ai commencé par éliminer les mégaprojets à succès garanti. Les Bernard Tapie et Khalifa ne m’inspirent pas beaucoup, les prisons encore moins. J’ai ensuite écarté la possibilité d’une carrière universitaire pour des raisons évidentes… et puis une bougie qui se consume pour éclairer les autres, c’est romantique, mais ça ne fait tout simplement pas partie de mes plans. Pour une fois que j’ai le choix, après 20 ans de ‘consummage’ obligatoire, j’ai bien le droit de ne pas faire le fou! Bref.
Un laps de temps, j’ai été tenté par une percée dans le monde des médias. Je me voyais déjà comme une bombe médiatique, une sorte de mélange entre David Letterman et Walter kronkite. J’ai dû déchanter, pour une raison simple, ce type de carrière demande beaucoup de sacrifices que je ne pourrai jamais consentir, il demande aussi des concessions coûteuses que je ne peux non plus offrir. Dans mon monde magique, il y a des choses et surtout des personnes dont je ne pourrai me défaire, il y a aussi des principes que je ne pourrai troquer.
Et, comme je suis un âne, de sang pur à ce que disait ma maternelle, je ne recule jamais. Un cheval le ferait, mais pas un âne. Les paysans parmi nous pourront vous le confirmer. J’ai alors fini par trouver mon chemin et ma stratégie. J’ai été très loin dans ma réflexion, alors que la solution était si proche. Elle était dans mes gènes, dans mon vécu, dans mon douar.
Désormais, ma vie sera vouée à la politique. Comment n’y ai-je pas pensé dès le début. Avouez que c’est une brillante idée. Ce qui m’a le plus encouragé, c’est un cas vécu dans mon propre douar. J’y ai vu de mes propres yeux, un âne de mon espèce, gravir les échelons de la respectabilité. Sa vie a complètement changé, le jour où il a décidé de ne plus servir de pick-up aux paysans frustrés, qui le battaient pour un oui ou pour un oui. Il en avait assez de trimer pour de la paille.
L’âne en question s’est alors présenté aux élections municipales. À cette époque, personne au douar n’y croyait, à part lui. Après coup, je crois qu’il avait de bonnes, de très bonnes raisons d’y croire. Je disais donc, il a été élu H’mar du douar … enfin, je veux dire maire du douar. Peut-être que j’exagère un peu, disons qu’il a été nommé démocratiquement maire du douar.
Aux dernières nouvelles, notre âne était rendu un âne en cravate. Les mauvaises langues racontent que la politique l’a corrompu à l’os. Après avoir été renommé démocratiquement député, il ne jure que par les affaires, il ne traine que sur le littoral et il s’est même offert le luxe d’une jument de 20 ans sa cadette. Il a oublié son douar. Il s’est tout acheté : un diplôme de l’UNC (Université Nocturne de la Capitale), un CV de révolutionnaire, un passeport d’une autre couleur que le vert comme sortie de secours … Et, comme il est de coutume dans ce milieu, il a très tôt rejoint l’ordre des pèlerins des lieux saints. Bref, un parcours que jamais un âne qui se respecte n’aurait cru possible.
Cette savante conclusion était le point de départ de ma stratégie d’intégration au paradis. C’était comme la lumière qui jaillissait dans les ténèbres. Mon enthousiasme gonflé à bloc, je tenais entre mes mains la clé de ma réussite. Mon hypothèse était simple, commencer au bas de l’échelle. Être propre et intègre, on est tout de même au paradis et mes grandes oreilles me disent que les magouilles, les pots de gazouz et autres crasses ne sont pas transférables ici. Ils ne sont ni souhaitables ni souhaités. C’était le début de la rupture de la confiance entre moi et mes grandes oreilles. J’y reviendrais plus tard…
À suivre…
Votre humble serviteur, Âne Roi