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La triste fin d’un animateur de foules !


La triste fin d’un animateur de foules !


Mario s’en va !

Fatigué sans doute de casser du sucre blanc sur le dos des immigrants basanés, le chef adéquiste décide de débrancher le respirateur artificiel d’une formation politique qui n’a  semé que du vent depuis sa naissance.

Que du vent !?

Oui,  J’exagère un petit chouia, Mario était aussi  un distributeur automatique de tous les produits haut de gamme de la xénophobie. Mario menait une guerre sans merci contre  ceux qui menaçaient le village gaulois de l’intérieur. À chaque élection, même les partielles, Mario montait sur son cheval et criait  à tue-tête : Au voleur tabernacle !

Il ameutait les pauvres Québécois assoupis et les autres Québécois ensevelis sous le poids des cartes de crédit, pour leur parler de la Vraie chose hostie : l’identité sauvagement violée des Québécois et Québécoises. Ces derniers, par lassitude, mais également pour le fin plaisir de goûter aux joies ineffables de la cruauté, répondaient à  l’appel d’une  manière si bien chorégraphiée  qu’elle ferait rougir de honte et d’envie l’équipe canadienne de nage synchronisée.

Une fois la foule blanche chauffée à blanc réunie, Mario, dressait alors un énorme bûcher, convoquait tous ses sorciers et sorcières et avec un art consommé de l’embrouille présentait aux bons citoyens, les infidèles de l’identité québécoise. Voici vos ennemis, disait-il, brûlez-les et redonnez  au Québec sa blancheur immaculée. Il lisait d’une voix autoritaire, tel un juge incorruptible, les méfaits commis par les ennemis du Québec : Ceux-ci ont snobé le porc du Québec, ils ont refusé de manger nos fèves au lard dans une cabane à sucre, ô rage, ô désespoir comment ont-ils osé  !?

Ceux-là refusent d’acheter un arbre de noël, ils ne sont même pas capables de supporter un arbre de noël sur le perron de l’hôtel de ville,  savez-vous pourquoi chers compatriotes ? La foule profondément outrée, donnait rapidement  sa langue au chat : Non cher Mario, mais vous allez nous le dire n’est ce pas ?

Ils ne veulent pas acheter un arbre de noël, car ils n’aiment pas Jésus !  Des voix stridentes s’élevaient alors du milieu de la foule : Qu’ils brûlent en enfer ces enfants de Satan !

Mario aimait haranguer les foules, il ne vivait que pour et par cet  enjouement. Aux yeux des citoyens qui venaient de plus en plus nombreux et de plus en plus affamés pour écouter ses prêches, il répondait parfaitement bien à leurs attentes, et à leurs peurs, en inventant à chaque fois  un nouvel ennemi. Voyez-vous, un peuple sans un ennemi identifié est un peuple qui s’ennuie.   Mario n’est pas un imbécile, loin de là, il savait  fort bien que pour occuper le bon  peuple il n’était nullement dans l’obligation d’inventer le pâté chinois, la recette est bien  simple et elle   aussi vieille  que la Rome antique «  Donnez-leur du pain et des jeux »

Mario n’avait même pas une miette de pain à offrir à la foule et c’était dans l’ordre naturel des choses, notre homme n’est pas  boulanger. En revanche, des jeux et des jouets Mario pouvait couvrir la terre de ses artefacts. Il était plus puissant que Toys R us et Walt Disney réunis. Notre héros national connaissait parfaitement bien son peuple, les Québécois avaient l’estomac plein et l’esprit étourdi par la nonchalance d’une béatitude  sournoise. Il fallait réveiller ce peuple qui a répudié ses prêtres, abjurer ses valeurs et abandonner ses églises aux joueurs de bingo.

En 2006, les troupes galvanisées de Mario s’arrêtèrent  aux portes de Montréal, cette ville impure où les immigrants déambulent librement. Heureux et fier comme un Gengis Khan conquérant, Mario accepta, en fin stratège, de donner un répit à la ville assiégée. La prochaine fois, nous donnerons l’assaut final et nous redonnerons Montréal au Québec s’exclama t-il devant une foule grisée par la victoire. Avec la confiance et  la sérénité propre aux vainqueurs, Mario donna un congé à ses troupes et  s’autorisa à faire un somme en attendant les prochaines batailles

Plusieurs mois plus tard, pour des raisons qu’on s’explique mal, les boulangers du Québec se mettent à fermer l’un après l’autre. Comme une épidémie digne du Moyen-âge, le mystérieux mal fera des ravages insoupçonnables au sein du cercle fermé des boulangers. Le pain, autrefois disponible et bon marché, devint soudain  une denrée rare et onéreuse. La machine à rumeur s’affola et les mêmes sorciers autrefois  au service de Mario, vinrent apporter au peuple les nouvelles les plus sombres.

Réveillé par le brouhaha de plus en plus important, Mario reprend son glaive  et convoqua à nouveau son peuple : Venez jouer chers concitoyens! Cria t-il avant d’ajouter : Oubliez le pain et nourrissez plutôt vos âmes. Nos écoles  sont dans un piteux état, vos enfants vont devenir musulmans, juifs ou bouddhistes, comment pouvez-vous parler de pain  alors que vos enfants ingurgitent du poison en guise de collation !? Cher concitoyens, vos ennemis ne se cachent plus dans nos cabanes à sucre, ils occupent nos écoles. 

Le peuple avait faim, pire encore, il avait peur d’avoir faim. La foule savait ce qu’elle voulait et le réclamait avec insistance : Du pain, du pain, du pain et rien que du pain, répétait la foule. Mario se rappela alors avec effroi qu’il n’était pas boulanger.

Devant Mario, les foules étaient de plus en plus  clairsemées et moins  enthousiastes. Par moments, des voix enragées  fusaient de la foule accusant Mario de chose jusque là inimaginable : Tais-toi Mario, ravale ta romance, tu as menti à ton peuple, tu l’as trahi ! Pouvait-on entendre.  Quand la foule  à le ventre plein, elle se comporte comme entité harmonieuse, comme un peuple, mais quand la peur de la faim s’installe, le bon peuple se transforme en un conglomérat d’individus sans conscience collective.

Ces cris de désaveu étaient pour Mario comme un Kirpan  qui lui tailladait le crâne, comme un voile islamique qui empêchait le peuple de voir la grandeur de son héros. Mario ne voulait pas céder  ni à la tristesse, ni au désarroi. Pendant 33 jours, il n’arrêtera pas de déclamer ses prophéties et ses appels, mais c’était comme faire sonner des cloches dans une mosquée, les fidèles ne portaient plus attention à ses bruits.

Par une journée très froide, abandonnée,  livré à lui-même et sans l’espoir de voir le bon peuple revenir vers lui, Mario décide alors, les larmes aux yeux, de ne plus adresser la parole à ce peuple ingrat qui hier encore l’encensait et le chérissait comme un prophète.

Mario décide de partir, mais personne ne lui demande de rester, bien au contraire, ils  sont nombreux à vouloir s’emparer de son trône. Un trône à vau-l’eau, amis un trône quand même.

Sous la pluie, seul au milieu de la place publique silencieuse, Mario, en bon  guerrier latin,  murmura d’une voix chevrotante : Acta est fabula

Signé ÂneRoi 🙂


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