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Crise politique à Ottawa : qui dit vrai !?


Crise politique à Ottawa : qui dit vrai !?

Par Samy Chikhaoui 


Le Canada, autrefois, « le meilleur pays au monde » selon la formule consacrée de Jean Chrétien, est entrain de devenir, un pays qui ressemble à tout point de vue, à une république de l’ancien bloc soviétique. En effet,  ce que nous venons de vivre cette semaine, la naissance de cette coalition incestueuse pour faire barrage aux dérives totalitaires du gouvernement conservateur, nous rappelle étrangement les épisodes de la révolution orange en Ukraine.

Cela a commencé par une mesure, pour le moins qu’on puisse dire, maladroite, qui consistait à priver les partis politiques du financement public. Au Canada et particulièrement au palier fédéral, le financement des partis politiques se fait selon le vote exprimé, chaque parti reçoit 1.95$ pour chaque voix obtenue. Ce mécanisme de financement de la vie partisane était considéré au Canada, du moins jusqu’à maintenant, comme un excellent  garant d’une saine démocratie. 

Réduire la taille de l’État, rationaliser les dépenses publiques, sont bien évidement, des décisions qui pourraient susciter un large consensus, notamment en cette période de récession, mais abolir une règle aussi fondamentale, méritait au moins une consultation avec les partis de l’opposition.

Le hic est que le gouvernement conservateur n’a même pas réussi à convaincre les Canadiens de sa bonne foi en prenant cette décision. D’aucuns ont vu, dans cette mesure incongrue, une manière malhonnête d’assécher «les sources financières » de l’opposition. En démocratie, au Canada, comme ailleurs, le parti au pouvoir, pourrait facilement se passer du financement public, en raison de l’armée de lobbyistes et de « courtisans » qui gravitent autour et qui génèrent des contributions financières importantes, mais c’est loin d’être le cas de l’opposition.

Le premier ministre Harper réagissant à la naissance de la coalition a soutenu que son gouvernement allait prendre « Tous les moyens légaux pour arrêter cette tentative antidémocratique de prendre le pouvoir » le premier ministre n’a pas tout à fait tort, de parler de «tentative antidémocratique de prendre le pouvoir» puisque la probable arrivée au pouvoir de la coalition est déjà assimilée par certains cercles à un « soft coup d’État », voire à un putsch tout simplement.

À la crise économique qui  ravage déjà les économies des grandes nations occidentales, les Canadiens, goûteront ils également aux affres d’une crise politique ? Pour répondre à cette question, il serait utile à notre humble avis de revenir en arrière pour mieux comprendre la genèse de la crise.

Depuis l’effondrement électoral du parti libéral du Canada suite au scandale des commandites, le Canada est dirigé par un gouvernement conservateur minoritaire. Durant ses deux mandats et malgré le fait qu’il soit à la tête d’un gouvernement minoritaire, Stephen, Harper s’est comporté comme un monarque arrogant. La politique étrangère du Canada  a été alignée abusivement et aveuglément  sur celle des États-unis. Les dernières élections canadiennes ont été déclenchées hâtivement pour éviter de subir plus tard, les effets de l’arrivée de Barack Obama à la Maison blanche. L’armée canadienne n’est plus une force de maintien de la paix, rôle qui a conféré au Canada un prestige et un statut enviables. Elle est aujourd’hui impliquée dans des guerres que les canadiens n’ont jamais soutenues, bien au contraire. Pour de nombreux environnementalistes, la mort des accords de Kyoto est due principalement à la volte face du Canada dirigé par  le gouvernement minoritaire de Stephen Harper qui n’y voyait là qu’un simple « complot socialiste » Le Canada avait pourtant déjà ratifié cet accord en 2002.

Les décisions très controversées des conservateurs sur la criminalité juvénile, les coupures dans le domaine de la Culture etc. montrent parfaitement bien que le gouvernement minoritaire a tenté de transformer profondément le Canada sans avoir un mandat moral clair. En effet, il faut rappeler qu’à notre sens, le mandat d’un gouvernement minoritaire s’apparente beaucoup plus à un rôle de gérance ni plus ni moins.

Ceci est en réalité une hideuse perversion de la démocratie canadienne. Lors des dernières élections, une écrasante majorité de Canadiens ont rejeté le programme des conservateurs. Additionnez le vote exprimé en faveur du PLC, NDP, BQ et du parti vert, pour mieux comprendre la fragilité de ce gouvernement minoritaire qui veut imposer son idéologie, contre la volonté de toute cette écrasante majoritaire.

Nous sommes aujourd’hui en présence d’une grave crise politique. Ce n’est plus le temps des replâtrages, ni des équilibres et consensus fragiles négociés derrière les portes closes. Le système politique canadien a besoin d’être réformé de manière profonde et globale. Le recours au suffrage universel pour désigner les hommes et les femmes qui doivent diriger ce pays est à notre avis, une voie de solution à ne pas négliger.


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